Midi. Il m'a suivi ou je l'ai attiré vers la sortie du lycée.
Il me rattrape, il dit : "tu marches vite".
Je lui dis : "pourquoi tu me suis ? tu ne manges pas au self ?"
Moi, je vais chez moi manger.
Que répond-il ?
Faut-il une réponse ? Il me court après, il a envie de moi comme moi de lui.
Nous nous embrassons sur la bouche. J'attendais tellement ce moment.
Et j'ose mettre mes mains sur ses fesses. Il se laisse faire.
Pourquoi revenir vers le lycée ? Nous voulons partir loin ensemble mais nous repassons par les bâtiments du lycée, nous traversons les étages, les élèves dans les couloirs nous gênent, terminales, premières, secondes, troisièmes, quatrièmes, cinquièmes, sixièmes... Nous trouvons une sortie qui nous mènent dans une cour de récréation, celle d'une école primaire. Régression ?
Prisonniers du temps, et de l'espace : nous nous frayons un passage entre les enfants qui jouent mais le portail de l'école est fermé.
Nous nous faisons remarquer par un professeur. Nous lui demandons de nous laisser sortir. Il nous demande quel âge nous avons. Nous ne savons plus. Ils nous posent des questions pour savoir de quelle génération nous sommes ? Nous avons l'air d'avoir son âge, dit-il (sommes-nous si vieux maintenant ?). "Avez-vous connu les premiers pogs ? Avez-vous payé en francs ? Perdez-vous vos cheveux ?" Nous répondons oui, il nous ouvre le portail.
*Trou de mémoire*.
Nous nous retrouvons au milieu d'une rue dans une ville inconnue.
Pierre-O demande où nous sommes, et quelle heure il est ?
Par rapport à la position du soleil, j'estime que nous sommes en fin de matinée.
Doit-on se séparer ? Qu'a-t-il à faire aujourd'hui ?
Moi je dois travailler. Dehors, il va pleuvoir. J'ai trop dormi, je me sens bizarre, trop lucide.
Je pense à cette chanson de Manset : "Avant l'exil"
"On se retrouve comme on est né
A nouveau dans un monde de damnés"