Il m'a regardé droit dans les yeux avec ses yeux bleus.
Il ne voulait plus que je traîne dans ses pattes.
Il ne voulait pas que les autres parlent de nous.
Il disait : "ce n'est plus pareil maintenant, ici au lycée.
On a grandi, on ne peut plus être aussi proches comme avant."
Il s'est éloigné de moi, mon coeur a arrêté de battre.
Il ne s'était rien passé entre nous pourtant.
Nos jeux de mains avaient toujours été innocents.
Pourquoi m'abandonner au milieu de la cour ?
Pour aller jouer au foot avec les autres garçons.
Depuis dans tous mes cauchemars, il recommence.
Moi, le garçon qui n'avait peur de rien,
Ni du soir, ni du noir, ni des éclairs, ni du tonnerre, ni du fond de la piscine, ni du haut des falaises, ni des araignées, ni des serpents, ni de la vue du sang, ni des crocs des chiens, ni des chevaux au galop, ni des fantômes, ni des monstres, ni des sorcières, ni des sorciers, ni des voleurs, ni des tueurs.
Ni la peur la nuit traversant la maison, sortant dans le jardin, traversant la rue, la ville ou la forêt à la seule lumière du clair de lune.
Ni la peur de se perdre, ni la celle de faire une mauvaise rencontre.
Ni trembler, ni sursauter, ni frémir
Jusqu'à ce que je connaisse la douleur froudoyante de cette main qui lâche la mienne.
Cette intime amitié était la plus belle chose au monde.
Depuis j'ai toujours peur qu'on me quitte.
Alors je préfère ne pas m'attacher.
Je casse tout avant d'être pris au piège.