Un matin, une vie de riens, plutôt qu'un destin
une moitié d'orange
cet amour m'arrange
virtuel, imaginaire, rêvé, je ne mets pas mon corps en jeu
chaussettes dépareillées, cocottes en papier
ce garçon est plus complexe mais ainsi le résumerais-je
une année dans l'eau, une autre sur la terre
l'Évolution est-elle terminée ?
sous les pierres, des "petits cochons" (cloportes)
les arbres grincent, les géants causent dans le vent
un pays disparait, les cartes deviennent obsolètes dans ma petite encyclopédie
je recopie à la machine à écrire un article sur l'école laïque et gratuite
je relis "le bord intime des rivières" de Borhinger
je revois "Après la guerre" tous les étés
ou alors le feuilleton "Le château des oliviers"
il y a quelque chose de rassurant dans ces histoires qui ne changeront jamais
toujours les enfants moqueurs sur le pont
l'enfant qui adulte veut se venger
le drame, les larmes qui coulent toujours au même moment
j'ai toujours la même place à table, devant la télé le soir sur le lit des parents
quand j'ai mal aux jambes, maman dit "c'est normal tu grandis"
un jour, j'ai cessé de grandir, mais je ne sais pas quand, je ne me mesurais pas (dernière visite chez le médecin à treize ans)
les vêtements bon marché ne durent pas plus d'une année, je ne les vois pas "rétrécir"
tandis que mes jouets disparaissent dans des vides-greniers
mais les livres restent sur les étagères, ils attendent un nouveau lecteur