Tu sortais du cinéma. Je ne te connaissais pas. Vice versa.
Tu marchais à grand pas. Je te rattrapais avant le bar-tabac. Face à la pharmacie.
Sans mot, je mis ma main dans la tienne. Juste envie.
Plus petit que toi, je levai la tête vers ton visage. Ta main, ton corps n'avaient pas réagi, mais toi qu'en pensais-tu ?
Sur ton visage pâle, ni signe de répugnance, ni rougeur entre les taches de rousseur, en entrant dans la rue piétonne. Magasin de chaussures, boucherie, pizzas, musique, coiffure, tout était là, boutiques modestes, enseignes vieillottes sous les volets des appartements.

Je lui demande : "Tu as un petit copain ?
- Non... J'en ai eu un, mais ça n'a pas duré.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas, ça ne m'a pas plu.
- Tu préfères les filles ?
- Non, enfin, c'est plutôt l'amour en général, je ne sais pas si c'est mon truc."
C'est bizarre de raisonner comme ça. Peut-être celui d'un enfant gâté, blasé avant même d'avoir goûté à un amour ou un autre. Il doit utiliser ces applications sophistiquées qui facilitent les relations superficielles sur un fond narcissique (selfie) et puéril (lol). Je ne vais pas lui dire tout ça et passer pour un vieux con avant l'heure. Peut-être que cette rencontre hors normes/modes pourrait réveiller son désir d'aimer.