Aujourd'hui presque tout le monde a un téléphone portable dans les pays riches. Un problème de taille pour les scénaristes de films. Les situations périlleuses sont devenues difficiles à imaginer. Là où avant les personnages devaient trouver un téléphone fixe pour appeler à l'aide (ce qui était assez compliqué en pleine nature), ils peuvent aujourd'hui être en communication avec le monde entier grâce à un smartphone. Les scénaristes ont trouvé une parade qui devient agaçante : l'absence de réseau. Tu as réussi à échapper à un serial killer, tu te caches dans la penderie, tu veux appeler les secours, et non, ce serait trop facile, tu n'as de réseau ! Si c'était encore plausible il y a dix ans, aujourd'hui il y a la 3, 4 ou 5G. Et même sans un bon débit, il est possible de passer des appels à moins d'être dans un endroit très éloigné d'une antenne. Mais non, les scénaristes continuent de rendre impossible l'utilisation des portables en pleine ville pour ne pas gâcher le suspense.

En 2001, j'étais comme beaucoup fasciné par la première télé-réalité en France : Loft Story. Des jeunes garçons et filles enfermés dans un pseudo-loft et filmés 24h/24.... Nous n'avions jamais vu ça... La télé-réalité permettait à n'importe qui n'ayant rien de particulier, rien à raconter, d'être vu par des millions de personnes. L'idée divisait l'opinion. Du pur voyeurisme pour certains. Jusqu'où irait-on ? Filmer la mort en direct ? L'autorité de contrôle - le CSA - imposait des pauses pour les participants. Depuis, ce type de programme télé a été relégué sur des petites chaînes avec un concept modifié : des post-ados avides de célébrités sont envoyés à Miami ou Cancun et sont filmés plusieurs mois avant la diffusion dans des situations scénarisées... Une émission telle que Loft Story ne pourrait pas connaître le même succès aujourd'hui. Nous avons perdu notre innocence par rapport à la télévision. Passer à la télévision représentait vraiment quelque chose pour les "anonymes". Aujourd'hui, nous pouvons tous nous exprimer sur internet devant le monde entier. Et, nous sommes tous désormais dans une télé-réalité géante, globale et permanente. Les caméras ne sont plus derrière des miroirs sans tain, elles sont dans nos poches. N'importe qui peut diffuser n'importe quoi à n'importe qui au cours de "lives" sur des applications comme instagram. Sur youtube, des anonymes exposent leurs vies sans aucune gêne ni limite. Tik-tok a rendu l'exercice encore plus simple : sans une qualité de caméra particulière ni de logiciel de montage, les gens peuvent diffuser des courtes vidéos de leurs vies le plus facilement du monde. Quelques dizaines de secondes, ce n'est pas grand chose, mais ce sont des parts d'intimité livrées quotidiennement au plus grand monde. Et ce n'est que le début : seule la technologie est limitante et la technologie est loin d'avoir atteinte ses limites.

Un des coûts invisibles des nouvelles technologies, c'est la contribution au réchauffement climatique. En soit, un smartphone ne semble pas consommer beaucoup d'énergie. Mais les fermes de serveurs répartis dans le monde entier sont énergivores. Internet pollue plus que le transport aérien. Et ça ne va pas en s'arrangeant avec la multiplication des usages et l'augmentation du poids des données pour chaque usage, telle que la vidéo.
Il y a quelques années, nous pouvions encore ignorer le changement climatique, estimer que cela concernerait les générations futures (donc pas nous). Mais maintenant, nous voyons bien que le changement climatique a déjà commencé. L'image de l'ours polaire qu'il faut sauver est déjà périmée. Les chiffres sont trompeurs (+1 ou 2 degrés, par exemple) quand on voit les incendies meurtriers en Australie, en Amazonie ou en Californie... Il faut agir vite, mais j'ai bien peur que notre confort soit plus important, quoi qu'il en coûte.