Ils se tiennent là bas assis sur leurs planches attendant la prochaine vague, la belle qu'ils pourront monter. Nous, au bord de l'eau, nous regardons les vagues se fracasser inlassablement, et l'écume venir doucement glisser jusqu'à nos pieds nus. Puis nous allons dans l'eau ensemble, un même mouvement, un même élan, qu'elle est bonne, et puis sous l'eau les yeux ouverts nos regards se croisent tandis qu'au-dessus les rouleaux nous passent dessus.
Sur le sable, il me regarde avec conviction. Séduction inutile : il me tient déjà entre ses mains, et je n'y peux rien. Ce n'est plus l'été, mais la plage est toujours là, et les vagues, jusqu'à la fin du monde. Sa langue me parait anormalement longue dans ma bouche. Comme les danseurs débutants, je ne sais plus dans quel sens tourner la mienne avec la sienne.
La gêne laisse sa place au plaisir. Au bar de la plage, nous valsons sous les guirlandes de leds. Dans ses bras, je ne suis plus moi-même. Garçon perclus d'anxiété, je suis un autre qui m'abandonne au plaisir. C'est inimaginable, comment y croire, comment cela peut exister, comment est-ce arrivé et comment cela continuera ? Je sais que ça ne peut durer éternellement, c'est toujours l'affaire d'un moment, qui trace l'inverse d'une cicatrice sur la peau, l'inverse d'une fracture, une réconciliation entre mon corps et mon esprit.