Cahier d'écolier, marque Victor Hugo Scool (oui, sans "h").
Couverture jaune clair.
Sur les lignes destinées à renseigner le nom et la classe :
"Automne 2006
(21 septembre
21 novembre)"
(L'histoire se poursuivra au delà, aujourd'hui encore.)
Et pour titre en bas à gauche :
POUR-
SUITE.
(Titre choisi à la fin)
Le cahier avait été - je crois - récupéré des années auparavant dans une vieille maison abandonnée (petite maison de maraîcher, rasée quelques mois plus tard).
Les trente-deux pages du cahier n'ont pas suffi, et je trouvais ensuite des feuilles encore vierges dans des anciens cahiers d'école, les miens ceux-là.
En tout, cent dix-sept pages, deux appendices de onze pages, et quelques pages écrites plus tard.
Comme pour coller au support, l'écriture manuscrite est très scolaire. Écriture cursive appliquée, d'abord au stylo bille puis, à partir du onze octobre (page 71) au stylo plume, encre bleue.
(Aujourd'hui n'écrivant plus à la main sauf quelques notes ou démarches administratives non "numériques", je serais incapable d'écrire aussi bien, incapable d'écrire autant sans douleur dans la main.)
Au recto de la page de couverture, un extrait de "La mémoire des jours" de Raphael, à la plume :
Je t'avais déjà rencontré
A l'endroit de mes rêves
Là où finit la grève
Pas oser te parler
Juste rêver à tes lèvres
Toute une vie

En 2003, j'avais bien aimé "Sur la route", extrait de son second album "La Réalité", mais c'est après le succès de "Caravane" en 2005 que j'écoutais en entier "La réalité" - cadeau de Noël - magnifique album avec "La mémoire des jours", "1900", "Être Rimbaud", "Suivez la musique"... Je ne pensais pas à Pierre-Olivier en 2005, je ne crois pas en écoutant ces chansons...
Quand j'ai commencé à écrire sur ce cahier, je ne pensais pas non plus spécifiquement à des sentiments amoureux pour Pierre-O. C'était, quelques jours après la rentrée en quatrième année de fac. Une "bonne" rentrée, car je connaissais alors bien les lieux, les gens, j'étais presque léger, à l'aise dans les salles et les couloirs - et au seuil de l'automne - saison que j'aime tant - une légère euphorie me transportait, m'amenait à revenir avec nostalgie sur ma première année au lycée.
Dans un premier temps, je racontais en effet le passé. La partie la plus simple : tout était déjà connu, et déjà écrit. Je me cantonnais au récit d'une amitié de lycée... Trois garçons qui ne se quittent pas : Pierre-O, Maxime et moi.
(Le premier jour, je ne me souviens pas de Pierre-O. Il est là pourtant, dans la même classe que moi, seconde E, mais il n'existe pas encore.
Le deuxième jour, rien à dire non plus. La rentrée se passe bien. J'ai retrouvé deux filles et un garçon du collège, et je me rapproche de Maxime, un garçon volubile et espiègle.
Le troisième jour, 14h30, le choc quand je le vois dans ce couloir talonné par des garçons moqueurs. Deux ans plus tôt, c'était moi à sa place... Les jours suivants : Maxime d'abord le plus fort de nous trois, puis moi timide mais la peau dure, nous allons protéger Pierre-O de ce que ces brutes auraient pu lui faire.
Puis notre séparation... Et, après le bac, la fac sans Maxime, parti loin d'ici, et Pierre-O, perdu de vue, quasiment oublié...
Quand je suis arrivé au présent à la fin de mon récit et la fin du cahier, la suite de l'histoire restait à écrire jour après jour sur de nouvelles feuilles...

21 septembre. Je cherche d'abord à avoir des nouvelles de Maxime. Je le retrouve par un site d'anciens copains. Il habite maintenant à Toulouse, il a fait une école de commerce avant de commencer un master.

4 octobre 2006. Je cherche à tout hasard Pierre-O dans l'annuaire en ligne de mon université et, à ma grande surprise, comme s'il ne pouvait pas être aussi près alors que c'était le plus probable, je le retrouve : il est étudiant en deuxième année de lettres modernes.
Je suis très excité en apprenant qu'il est si proche, presque déjà retrouvé pour ainsi dire. Le soir même, je brode sur cette découverte apparemment anodine, bouleversante pour moi.
Nous sommes dans la même université mais je ne l'ai jamais croisé car j'étudie l'économie et la gestion dans une autre partie de la ville.
L'année précédente, je me rendais fréquemment à la bibliothèque de lettres. Je ne l'ai jamais rencontré, comment est-ce possible ? Depuis cette rentrée, j'y passe un peu de temps aussi en attendant le train que je prends tous les jours.

Intermède proustien :
Qu'avais-je donc fait durant cet été 2006 ? Plage, balades, voyages, festivals, boîtes de nuit, travail saisonnier ? Rien de tout ça. J'avais passé l'été enfermé entre télé, radio et livres (et un peu d'écriture). J'avais commencé l'été précédent "La Recherche" de Proust. J'avais savouré seul allongé sur mon lit, sous le velux qui me donnait un peu de soleil, "Du côté de chez Swann". J'enchaînais cet été-là avec "A l'ombre des jeunes filles en fleur". Comme je ne possédais pas la suite ("Du côté de Guermantes"), j'essayais de poursuivre à la rentrée la lecture de "La recherche" à la B.U de la fac de lettres. Une façon de prolonger les vacances, mais le lieu de lecture n'était plus aussi idéal, je n'avais plus autant de temps, et je ne parviendrais pas à aller au bout des deux parties du "Côté de Guermantes". Mais les jeux de la mémoire et du désir de Proust m'inspirent et alimentent ma propre "recherche". Le narrateur se passionne en effet pour Mme de Guermantes, duchesse qui est alors sa voisine. Il l'épie, la suit lors de ses promenades quotidiennes espérant juste un regard d'elle. Il demande à son ami Saint-Loup de lui présenter sa tante. Je notai cette phrase : "Un ami bête eut discuté" (une des phrases les plus courtes de La Recherche).

Lundi 9 octobre. Midi. Pas cours l'après-midi. Je décide d'aller faire un tour à la fac de lettres... Maintenant que je sais que Pierre-O est étudiant en lettres, les lieux ne sont plus les mêmes. Ce ne sont plus des endroits "neutres", du béton et du verre avec un caractère purement pratique. Ses portes, ses couloirs, qui mènent à la B.U. avec ses rayons bien rangés remplis de livres étiquetés. Ma place toujours la même à une table contre la fenêtre. Maintenant, ce sont des lieux où je peux retrouver Pierre-O. Maintenant il y a du danger partout, c'est un terrain miné.
12h31. J'avance jusqu'à l'entrée principale.
Et là, dans le SAS c'est le choc : je croise Pierre-O alors qu'il pousse une porte et que j'en tire une autre... Il ne me reconnaît pas. Je n'ose pas le rattraper. Pourtant, je suis dans un état second proche de l'extase. 'Je monte un escalier, passe un couloir, rentre dans les toilettes, tourne et retourne, ouvre une porte et me retrouve dans une cour, reviens sur mes pas, descends un escalier, traverse un hall, retrouve le couloir de tout à l'heure. (...) Mon train va partir, m'emmener loin, me ramener à la maison, je suis fatigué, je veux le silence de ma chambre, la fièvre d'aimer, ça éreinte'... J'écris ces mots dans l'après-midi ou plus tard le soir. Cinq pages sur pas grand chose, mais couvertes avec passion en une heure ou deux.
Je me souviens bien de ces séances d'écriture. C'était merveilleux de consigner sur du papier les moments tout frais de la journée.
J'écris encore ému parce que j'ai vécu il y a quelques heures. Je prolonge alors l'émotion de la journée.
J'ai conscience d'être dépassé par ce que j'écris, dépassé par mon propre récit. Je me suis lancé dans quelque chose que je ne peux pas arrêter (comme plus tard mon journal onirique). "La poursuite sans fin", ça aurait pu être un bon film de western... "La Poursuite impitoyable" est un film qui m'a marqué enfant, peut-être parce qu'il était plein de cruauté. La "poursuite" c'est aussi cette lumière qui suit un artiste en mouvement sur une scène.
La poursuite ne faisait que commencer. Est-ce que c'était moi qui le poursuivais ou étais-je poursuivi ? J'écris alors : "Je crois n'avoir jamais connu pareille exaltation en pensant à quelqu'un."
J'avais eu des copains, dont Pierre-O, mais sans jamais plaquer sur notre amitié des désirs amoureux, ou sexuels. Même en première et terminale quand je regardais Pierre-O traverser la cour (avec de nouveaux amis), je ne ressentais pas en haut de mon point d'observation (premier étage, bâtiment C jeudi 10h) de désir conscient pour ce garçon.
Que se passe-t-il ? Pourquoi maintenant chaque chanson d'amour qui passe à la radio me fait penser à lui ?

11 octobre. Je le revois à la fac mais à nouveau, je ne tente rien.
Lundi 16 octobre. Je calcule "mon coup" en fonction des horaires de cours et de bus. Lundi dernier, je suis arrivé à 12h30 pile alors qu'il sortait des cours du matin. Je termine pour ma part les cours à 12h15, les professeurs dépassent rarement l'horaire défini, je file immédiatement vers l'arrêt de bus, je saute dans le bus, il me dépose à 12h28 à deux pas de la fac de lettres. Cette-fois, j'emprunte une petite entrée sur le côté, je rase les murs, je monte à l'étage de la B.U. dont les fenêtres donnent sur la cour principale, et là je pourrais peut être voir Pierre-O sortir et se rendre au resto U sans être vu par lui. Tout se passe comme prévu. Il sort, prend place dans la file qui attend pour entrer manger. Je suis déçu... mon désir retombe. Il ne me paraît pas aussi beau vu de là-haut...
Après l'avoir aperçu ou cru l’apercevoir deux ou trois fois les jours suivants, je le "retrouve" le 23 octobre au rez-de-chaussée de la B.U. Je le mate en douce du haut d'un escalier puis, m'approchant, derrière un pilier... C'est vrai qu'il n'est pas très beau. Mais là, de plus près, en le regardant discuter longuement avec un ami, l'ensemble de son être me subjugue. Son corps, les gestes de ses mains dans l'air, le mouvement de sa jambe qui bat la mesure avec le talon...

9 août 2022. Plusieurs mois sans avoir rêvé de lui, je le retrouve dans la nuit, intact et merveilleux ; mais il me dit : "tu pourrais arrêter de me stalker !". Le mot en 2006 n'était pas arrivé en France. Je lui préfère une autre expression (soufflée quelques années plus tard par un-e visiteur-se de mon premier blog) : "Peeping Tom" .

26 octobre 2006. 9h30. Je le retrouve cette fois seul à la B.U en train d'utiliser la photocopieuse. Et cette-fois, "je meurs d'envie de ne pas être raisonnable". Mais "je ne me décide pas. Je ne décide rien. Je l'ai dans mes filets mais je ne les remonte pas. Je n'ai pas le courage." Je tourne en rond entre les rayonnages de livres sans aller vers lui. Je prends sur une étagère un dictionnaire espagnol-français pour avoir l'air de faire quelque chose.
"Je suis las de cette poursuite sans fin puisque je ne cherche pas vraiment à le rattraper. Je vais imaginer une fin qui me satisfait : 'Salut ça va ? Je suis en... - Moi je suis en... - Bon, à plus !'. Non, rien de plus. Fin de l'histoire. Sortie du cinéma"
10h14. Je descends l'escalier de la B.U. Et je le retrouve sur mon chemin vers la sortie.
Je n'en peux plus d'être timide et lâche. Fatigué d'être prudent, je me lance à l'eau même si je ne sais pas nager.
Pierre-O me reconnaît.
"Moi. Salut."
"Lui. Ça fait un bail."
'Un bail qu'il m'a oublié, un bail que j'ai fait pire avec une succession de sentiments [contradictoires] avec ma mémoire comme champ de bataille. [...] Mais, tous ces lundi midi, ces mercredi matin, [jusqu'à ce jeudi], il ne m'avait pas vu ! Alors il ne s'est rien passé [encore], ça [re]-commence maintenant !'.
"Moi. Ouais."
"Lui. Qu'est-ce que tu fais ici ? T'es dans cette fac ?"
Question piège qui signifie "Qu'est-ce que tu fais là ?" Question que je redoutais même de la part d'un employé de la B.U. Je me suis toujours senti comme un intrus, même si j'ai accès librement à tous les lieux publics de l'université en tant qu'étudiant dûment inscrit. Je bredouille : "Si... enfin non, je suis en quatrième année de gestion, c'est pas au même endroit".
J'attends qu'il dise à son tour en quelle année il est (même si je le sais déjà), mais il reste muet.
"Moi. Et toi, ça va ?
"Lui. Mouais."
"Mouais" accompagné d'une moue adaptée. S'ensuit un silence de quelques secondes. Il faut que je dise quelque chose. Je parle alors de Maxime, notre ancien camarade commun.
'Je bafouille, je ne suis pas clair dans mes explications. Je parle dans le vide de toute façon. Non que ça n'intéresse pas Pierre-O, mais ça me m'intéresse pas de lui parler de Max. J'aurais tant d'autres choses plus importantes à lui dire. Mais j'ai peur.'

Deuxième intermède proustien.
Je reviens en fin d'après-midi au même endroit. Je retrouve le "Côté de Guermantes" toujours au même endroit sur son rayon. Après s'être passionné pour Madame de Guermantes, le narrateur renoue avec Albertine. Il exprime bien mieux que moi la difficulté de dire à la personne qu'on aime ce qui doit être vraiment dit :
Il n'y a rien comme le désir pour empêcher les choses qu'on dit d'avoir aucune ressemblance avec ce qu'on a dans la pensée. Le temps passe et pourtant il semble qu'on veuille gagner du temps en parlant de sujets absolument étrangers à celui qui nous préoccuper. (Deuxième partie, chapitre deuxième).
Plus tard (un an), je noterais cet extrait du Rouge et le noir. Julien, à propos de Mathilde : Si je parle, elle ne peux plus douter de l'excès de mon émotion, le son de ma voix me trahira... Ah ! se disait-il en écoutant le son de son des vaines paroles que prononçait sa bouche... Si je pouvais couvrir de baisers ces joues si pâles, et que tu ne le sentisses pas !

Retour sur mes bafouillements. Face à un garçon qui peut-être voudrait comme moi dire qu'il est fou heureux de me revoir, qu'il a pensé à moins souvent, qu'il voudrait passer à nouveau du temps avec moi ? Peut-être attend-il un mot, un geste de ma part ? Peut-être, plus tard, en y repensant, sera-t-il déçu de la pauvreté de nos retrouvailles, de la banalité de mes mots, comme si je ne ressentais rien pour lui, préférant parler de Maxime ?
Je n'ai pas à l'époque vraiment formulé ces interrogations. Nulle trace en tout cas dans mon journal. Une forme d'égoïsme. A force d'analyser mes sentiments, j'oubliais les siens. Je me sentais pourtant connecté à lui. Son "mouais" m'avait tellement touché. J'avais vu tout ce que pouvait être sa vie, des études pas très brillantes, la routine des cours, des T.D., les examens difficiles, une vie sentimentale bien pauvre (?) etc... Mais je ne me demandais pas s'il pouvait m'aimer. Je voulais qu'il m'aime, dans le sens où je voulais le posséder, posséder son amour, l'accaparer.
Égoïsme sur fond de lâcheté :
'Les derniers mots, les miens, les lâches. La faute à l'heure si je pars... Moi, moi, moi et moi. "Il faut que j'y aille. J'ai cours"
Lui, tout lui, encore lui : "Bon, à plus".
Un "à plus" qui me déchire. "Menteur. Pas "à plus", pas "à moins", "à rien de plus". Rien de plus que le passé. (...) Je me retourne. Trois pas et je pousse le portillon de l'entrée de la bibliothèque. Je marche comme un somnambule. Les somnambules rêvent, moi si peu maintenant.'
Et pourtant comme je me souviens des heures qui ont suivi, comment j'étais ivre sur un petit nuage. Je regagnais ma fac, un cours d'anglais. J'avais vécu quelque chose d'essentiel avec si peu de choses : 'Un mot ("bail"), une moue ou la gourmette qu'il portait au poignet, je les offre au désir.'

Suite de la suite.
Peut-il y avoir une suite ? J'écris dans un appendice : "L'expérience touche à sa fin" Je théorise à nouveau sur le temps, la mémoire, le désir, "connaître, oublier, retrouver partiellement, le présent qui devient du passé, le passé qui ne revient pas. Point final".

Après mes errances érotomanes en septembre et octobre, je me concentre sur les cours en novembre et décembre. Je me souviens que je passe beaucoup de temps sur un projet en informatique (j'ignore que j'en ferais mon métier cinq ans plus tard délaissant l'économie et la gestion). Au second semestre, je "blogue" sur plusieurs sujets non essentiels. Distractions.
Je repasse une ou deux fois à la B.U de la fac de lettres, et je ne sais plus si c'est volontaire pour éviter de rencontre Pierre-O, mais je délaisse la section "lettres" de la B.U. pour traîner au rayon "histoire". En tout cas, je ne le revois pas.
Septembre 2007. Je repense à mon aventure un an plus tôt. "Comme le sculpteur qui travaille sans cesse la même matière et reproduit la même forme pour aller jusqu'au bout de son art, je reviens infailliblement au même objet du désir, au même sujet dont le nom est délicieux à prononcer"
Récemment en visitant Le Louvre, je pense à Pierre-O en passant devant La Joconde. La Joconde est la seule œuvre du musée avec une file d'attente pour s'approcher d'elle. C'est aussi l’œuvre la plus sécurisée avec une vitre blindée et un cordon de sécurité. Chaque jour, quinze à vingt mille personnes viennent la voir, faire un selfie devant elle. C'est le "passage obligé". La Joconde mérite-elle autant d'engouement mondial renouvelé de générations en générations ? (Pierre-O mérite-il autant d'intérêt ?).
Il y a un tel contraste avec les autres œuvres du musée devant lesquelles tant de visiteurs passent indifférent. Telle cette autre œuvre de Léonard de Vinci, le "Saint Jean-Baptiste". Vous le trouverez au milieu d'une grande galerie, perdu au milieu de dizaines et dizaines d'autres tableaux dans un renfoncement...
Fin août 2007, j'écris sur un petit carnet bleu quelques lignes en forme de poème :
"Sa peau laiteuse sous mes lèvres / Fondait comme les bonbons crème"
Mon amour reste encore et toujours sur du papier...
(Merveilleux moment il y a quelques jours lors d'un spectacle d'art de la rue quand la jongleuse fait tomber par deux fois les quilles juché sur les épaules de son partenaire... Celui-ci dit au public : "elle a raté... parce que c'est difficile. Mais au cirque, on a le droit à trois essais". Le troisième essai sera le bon...).
... Sur du papier ou sur des notes de musique... J'écoute cet été-là le concert "Une nuit au Châtelet" de Raphael. Il reprend plusieurs titres de ses pairs. "Je l'ai pas touchée" de Christophe. "Happe" de Bashung :
"Par la porte entrebâillée
Je te vois rêver
A des ébats qui me blessent
A des ébats qui ne cessent"


Mon histoire avec Pierre-O prend une autre forme le 12 décembre 2007. Jusqu'ici il n'était apparu que dans quelques rêves très platoniques. Je le retrouvais à la fac, Maxime était là aussi, nous étions à nouveau réunis, sur le même banc d'amphi...
Et puis il y a ce rêve que je retranscris sur une feuille volante deux jours plus tard (étrangement deux jours plus tard) et puis deux ans plus tard sur ce blog. Un rêve qui commence comme les autres. Je retrouve Pierre-O à mes côtés en cours. Cette fois-ci Maxime n'est pas là. Et cette fois-ci la joie de le retrouver est submergée par l'éclat de sa beauté, celle de son visage transformé par le rêve, différentes images se superposant, son image réelle dont je me souviens mais qui m'échappe un peu plus chaque jour, son image démultipliée et modifiée dans mes désirs, des images d'autres garçons croisés dans les bus, les trains, vus dans des films, des séries...
Un amour manqué sera alors dans les rêves sans cesse renouvelé. Mais cette suite sans fin je l'ignore encore ce jour de fièvre qui suit ce merveilleux rêve. Du matin blanc au soir rouge, je porte en moi, et un peu sur moi, un sourire qui ne s'efface pas...