Ma capacité d'émerveillement est intacte.
Répéter cette phrase et recoller les morceaux.
Fin de festoche. Remballer la tente, le duvet, le réchaud et les timbales.
Mes amis et moi passons par la place principale de R...
Sur le pavé, Gauvain Sers tient la scène - concert improvisé - et, avec ses mots - une chanson sur son cousin - et ses accords de guitare, un public clairsemé.
S'est joint à sa voix celles d'une petite chorale de jeunes garçons et filles.
Mes amis et moi nous asseyons par terre pour écouter, voir.
Se détache vite de la chorale un garçon - je le ré-imagine brun de cheveux et de peau, mince et souple, à marcher sur les mains, ou traçant du bout de ses pieds nus des lettres sur le sol.
Vient-il vraiment vers moi ? Est-ce possible ?
Est-ce possible de le voir s'asseoir à mes pieds ?
Je me suis assis sur ma couette de camping. Il la tire un peu, puis un peu plus, pour se mettre à l'aise, se couvrir avec - a-t-il sommeil ? -, à moitié allongé la tête sur ma cuisse - sans gêne - je suis moi gêné, par la puanteur de la couette jamais lavée qu'il pourrait sentir, et le faire fuir.
Mes amis sourient. Ils connaissent mes faiblesses. Ils savent que je ne repousserai pas ce garçon, bien au contraire - (il pourrait me marcher dessus) - est-ce que mon émotion se voit tant que ça ?
Et puis, vient - nous - déranger un autre garçon ami de mon - chat - sauvage apprivoisé. Il lui dit doucement sévère d'aller se coucher dans sa chambre (maison à côté) s'il est fatigué. Il se lève et je le vois avec tristesse s'éloigner.
La tristesse qui s'inverse vers la félicité, quand l'autre nuit, regardant dans les yeux un garçon cherchant sans bavardages au fond de ses yeux l'impensable étincelle pour ma personne sans éclat (pensai-je), je trouve une réponse inespérée.