Janvier 2008.
Quelques semaines après avoir revu Pierre-O dans ce rêve "blanc" suivi d'une journée de fièvre, je rêve à nouveau de lui. Deux rêves que je publierais sur ce blog en octobre 2009.
Janvier 2008, c'était encore un cahier d'écolier. Cahier clairefontaine, couverture bleue, 96 pages couvertes de notes au stylo plume sur mes désirs de garçon pour les garçons. Ceux du passé, ceux que je croisais dans les bus et les trains, les magazines, les films... Et toujours revenir à Pierre-O.
Ma poursuite s'était arrêtée en octobre 2006 à l'entrée de la bibliothèque de la fac de lettres. Quelques mots échangés avec lui. Puis : rien. Je ne l'ai jamais revu...
Et si tout avait été différent...
Je le retrouve en rêve sur son territoire, la fac de lettres.
Il fait la queue pour entrer au self. Je vais à sa rencontre. Furieusement courageux, je m'empare de lui et je l'amène à l'écart... Le décor change : cour d'école, sur un mur, accrochés des photos d'élèves). Je lui demande ce qu'il devient. Sa réponse est étonnante : "depuis que tes parents m'ont viré de chez eux, je suis retourné dans mon appartement. Je n'ai pas repris mes études de lettres, je travaille dans un resto..."
Je crois avoir retranscrit exactement les paroles de Pierre-O. Mais j'ai un doute. Mes parents l'ont viré ? Tour de force du rêve qui peut inventer tout un passé en même temps que la scène se déroule, toute une histoire. Pierre-O et moi avons vécu ensemble chez mes parents. Il avait arrêté ses études (pourquoi ? échec à des examens ?). Et puis, peut-être mes parents ne supportaient pas que nous faisions l'amour sous leur toit, il ont jeté Pierre-O dehors...
Je suis déconcerté, mais je garde ce courage qui m'avait manqué il y a un an. "Viens, on va chez moi". Je prends mon ami par la main, je l'amène chez moi, dans ma chambre, mon lit... Je le mangerais. Je mangerais son ventre. Mes lèvres, ma langue ne font que glisser sur la peau. Ma bouche se régale de se peau si douce. Je descends jusqu'à son sexe. Je vais lui faire une pipe. Mais non, je le retourne d'abord. Son cul est superbe. Entouré de poils noirs et mouillés de sueur, son trou m'attire...
Mais on nous dérange. Ma mère entre sans frapper. Juste le temps de cacher Pierre-O sous la couette. Ma mère n'y voit que du feu, Pierre-O invisible bien blotti sur mon ventre.
Je me réveille avec une érection sèche, la bite presque froide. Pourtant c'était si bon. Si vrai, si fort. Je le sentais contre moi, je sentais son goût dans ma bouche ; sa peau sur ma peau...
Je ne sais pas encore que d'autres rêves suivront espacés de plusieurs mois, années... Une poursuite sans fin dans des mondes parallèles... Si les rêves se répondent les uns autres autres, si certains en inspirent d'autres, ai-je perdu tout lien avec la réalité ? ... Cette réalité contre laquelle je me cognais en septembre-octobre 2006 : les horaires de cours, de bus, de train, les bâtiments de l'université, les murs, les couloirs, les coursives, les portes, les portiques, les rayons de livres... Comme deux souris dans un labyrinthe, Pierre-O et moi. Pierre-O qui ne sait pas que je poursuis, et moi qui ne sais pas comment l'attraper. Cette réalité, que j'aime autant que les rêves. Tout cela, actes d'amour, actes manqués souvent, mais actes de foi en cet amour que ni le temps ni l'espace qui nous séparent ne peuvent altérer.