Dans les quartiers, spectacles au pied des tours fenêtres ouvertes.
Au pied des tours fenêtres ouvertes, repenser à ce rêve mercredi. Et si Pierre-O se trouvait dans un de ses appartements.
D'un de ses appartements me regarde-t-il danser ?
Les résidents descendus de leur hlmosphère restent pour la plupart assis paresseux sur les bancs ; je danse pour eux ; éloignée de la scène, cette jeune fille boulotte dans une robe rouge danse seule pour elle-même ; sur un banc, ce garçon - cheveux longs - qui ne bouge pas d'un poil : comment fait-il ? (transparent pour lui je suis) ; devant la scène, les petits qui kiffent la musique...
J'aurais pu prendre ma voiture, je suis venu à vélo. J'ai été étonné d'arriver aussi vite. C'était près de l'université où j'ai étudié. C'est toujours étrange de repasser par des endroits du passé, et en plus d'y arriver par un autre chemin plus court (à l'époque je prenais train et bus pour aller à la fac).
Au pied des tours, j'ai le vertige. Sous le ciel bleu permanent, les menaces, et les effets de ce climat, climat déréglé. Je suis venu à vélo. Folle envie de vendre ma voiture. Face à la catastrophe annoncée, seules les décisions radicales valent au niveau collectif comme personnel. Ou alors c'est se laisser glisser sur la pente du déclin : comme de jeunesse à vieillesse, accepter résignés le lent effondrement. Cet été, terrible abattement en voyant mes landes bretonnes brûlées... Non. Ce n'est pas le début de la fin, il faut continuer, mais différemment. Changer, s'adapter.
Les pénuries pour la jet set. La sobriété pour les passagers des jets privés et les jet-skis. La diète pour les gloutons. Mais la masse ne doit pas se satisfaire de montrer du doigt les milliardaires, et monter été comme hiver dans les charters low-cost, rouler tous les jours en S.U.V et changer tous les ans de smartphone ou d'écran plat. Se délester, sinon couler. Rêver d'un potager plutôt que de coloniser Mars... On rêvait au siècle passé de voitures dans le ciel, sans imaginer que l'urbanisme du futur, ce serait les routes partagées avec voies à 20 km/h, les voies douces et les pistes cyclables.
L'heure n'est plus aux choix. La course en avant en travaillant, consommant, produisant plus, c'est courir à sa perte, c'est accélérer la décadence (avec les cercles vicieux et les effets domino). Décroissance ? Non, redéfinition et satisfaction des besoins essentiels. Manger à sa faim est un besoin ; élever dans des conditions détestables des poulets en batterie pour les transformer en nuggets est une perversion. Il y a plus de vingt mille espèces végétales comestibles ! Abondance de possibilités.
Je rentre chez moi par les rues - des sons : le ballon que le basketteur tape contre le trottoir, les oiseaux criards dans les arbres, la roue libre de mon vélo debout sur les pédales ; dans mes oreilles encore émoustillées par musiques africaines et brésiliennes. L'impression d'être dans un rêve... Je me sens de plus en plus léger. Presque confiant.