Il n'y a pas d'antenne pour la télévision sur le toit. Sur le téléviseur, est posée une petite antenne pour l'intérieur. La qualité de l'image analogique - à nouveau analogique - diffusée sur l'écran - plat ? - est mauvaise. Je cherche à l'améliorer en tournant l'antenne et ses deux branches télescopiques.
Je sais qu'ici deux émetteurs sont à notre portée. L'émetteur principal de la région, plastiqué par les indépendantistes en 1974, se trouve au Roc'h Trédudon - que j'ai gravi l'été dernier sous l'orage ; qui était sous les fumées des incendies cet été visibles d'ici - à 30 bornes à l'ouest d'ici. L'autre émetteur se trouve à moins d'un kilomètre au nord. Certaines chaînes sont ainsi disponibles sur deux fréquences différentes. Pour orienter correctement l'antenne, il me faudrait donc 1) une boussole 2) savoir à quel émetteur correspond la fréquence du canal diffusé.
Mais je n'ai pas les connaissances techniques pour connaître et appliquer cette méthode rationnelle, à laquelle je substitue une méthode empirique consistant à bouger l'antenne dans tous les sens pour mieux capter les ondes hertziennes et obtenir une image nette. Si le résultat est satisfaisant pour la chaîne diffusée, ce n'est pas un bon résultat puisqu'il faudra répéter l'opération quand il faudra changer de chaîne. Pour bien faire il faudrait avoir deux télé, une pour chaque émetteur avec une antenne définitivement réglée dans la bonne direction.
Tout ceci qu'est-ce donc au milieu des rêves ? Distraction, diversion technique. Idem dans le récit de la nuit que je fais quelques heures plus tard. Éviter de refaire réapparaître d'autres images... Et quand l'image sur le téléviseur est plus que parfaite, un film commence pour changer également mes idées, et les change comme de rares films peuvent vraiment le faire : taire ma petite voix intérieure qui sans cesse sinon ressasse pensées compliquées, futilités, mauvaises idées, peurs inventées, histoires idiotes... Stop... Comme hypnotisé par les images et la musique magnifiques qui émeuvent au plus profond de soi, dans un mélange d'émerveillement et d'empathie totale, je ne ressens plus cette angoisse fondamentale chez moi, celle qui provoque ces cauchemars auxquels il faut (r)échapper dans la course des rêves.
Je suis subjugué par la beauté du film, mais je finis par me dire quand la fin approche au bout de deux heures que l'histoire très simple tient à très peu de choses, mais n'est-ce pas les histoires les plus simples qui font les meilleurs films. Des humains arrivent à communiquer avec des extraterrestres débarqués sur Terre à l'aide de signes et des rudiments de langage appris les uns des autres ; ceux-ci finissent par leur révéler des images de leur avenir personnel. Avec une question tragique pour l’héroïne : faut-il accepter de vivre le pire quand celui-ci vous a été prédit ?