C'est l'histoire d'un accordéoniste qui ne veut plus jouer d'accordéon. Alors ça embête tout le monde : qui peut le remplacer, au pied levé, pour accompagner un duo de chanteurs ce soir et les soirs suivants ?
Je suis désigné, alors que je ne sais pas jouer d'accordéon, ni d'aucun instrument, à part quelques notes à la flûte à bec (sol si do ré (3x), si sol si la), ou à la guitare.
Comment vais-je m'en sortir ?
Je retrouve l'accordéoniste qui ne veut plus jouer d'accordéon. Le gars est en plein cafard, une sorte de "burn-out" musical. "Moi ce que j'aimerais, c'est jouer du saxo. J'ai toujours voulu jouer du saxophone". J'essaye de négocier : "écoute mon vieux, je comprends, mais ce soir, je pourrais pas te remplacer, je n'ai pas eu le temps d'apprendre à jouer. Voilà ce que je te propose : tu joues une dernière fois ce soir, comme ça, aujourd'hui et demain, tu peux me faire une formation accélérée pour que je prenne ta place demain soir". Il accepte.
Il me donne pour m'entraîner un petit accordéon, comme celui des clowns tristes.
Pue prends en main son accordéon. Il m'apprend à pianoter sur le clavier et utiliser le soufflet.
J'ai le trac pour mon premier soir.
Est-ce que le public va s’apercevoir de mon incompétence ? Si je fais d'horribles fausses notes, vais-je recevoir des tomates ?
Je ne m'en sors pas si mal je crois.

Il y a quelques jours, je participais à une course à pied organisée par mon entreprise. La course à pied est un sport dans lequel je suis à l'aise, contrairement aux autres sports qui étaient des souffrances au collège et lycée, surtout pour mes partenaires (volley, badminton, basket, lutte). J'aime la course à pied parce que c'est simple : il suffit de courir. Il n'y a pas de balle, raquette, filet, pas de règles à suivre, pas de mouvements compliqués à exécuter, juste le "roulement" des jambes avec les pieds sur piste, route, chemin, et garder l'équilibre sur terrains "techniques". Le plus compliqué à gérer est l'alimentation et l'hydratation... Avant de prendre le départ de la course, je vide un paquet de chipsters.
La course se joue en deux tours. Sur le premier tour, je prends facilement la deuxième place, mais je suis distancé par un autre coureur, Gilles R. (que fait-il là celui-là ? ... c'est le garçon que j'avais embrassé au collège derrière les rideaux de la salle de mathématiques). Il ne court pas vite, il fait même plutôt de la marche rapide, mais je n'arrive pas à le rattraper.... Mais à l'entrée d'un village, il s'arrête, j'arrive à sa hauteur, il me dit : "je suis fatigué, je rentre chez moi". Il quitte le parcours en partant vers la droite, et moi, il me reste juste deux cent mètres pour finir premier le premier tour.
Sur le deuxième tour, je reste devant, mais je dois m'arrêter à un moment, sur la route de la piscine. D'autres coureurs se sont aussi stoppés devant une sorte de barre de traction placée à deux mètres de hauteur. La barre est souvent utilisée par les jeunes pour faire des acrobaties dangereuses. Un garçon - que je reconnaîtrais plus tard - s'est hissé sur la barre, sur laquelle il tient facilement en équilibre... Mais un coup de vent et pouf, il bascule en arrière, mais heureusement, il y a derrière un bassin (profond peut-être de cinquante centimètres) sur l'eau duquel il fait un mauvais plat de dos... Il ne se relève pas, il reste les bras en croix sous l'eau, les yeux ouverts. Yeux que je reconnais, ce sont ceux de Valentin Marceau. Sans me mouiller, je le sors de l'eau avec une de ces perches de maître-nageur que j'ai trouvée près du bassin. D'autres se chargent de le réanimer, massage cardiaque, et bouche-à-bouche. Mais il ne reprend pas conscience. Cela ne m'inquiète pas : "j'ai déjà vu ça, dans un 007, James Bond ne se réveille pas tout de suite, et on le croit mort. Mais il va revenir à lui"... Est-ce parce sa mort me parait impossible ? Trop jeune, trop beau, mon Roméo (qui semble ici jouer la mort comme Juliette après avoir avalé son poison). Quelques secondes plus tard, il crache l'eau croupie du bassin. Je peux finir la course, mais j'ai laissé tout le monde me dépasser en m'arrêtant. Médaille et gloire, un autre jour.