Impression étrange au réveil après un rêve...
Je me revois à l'école primaire, en CE1 précisément - je me souviens de la maîtresse, femme ronde et sévère. Une semaine sur deux, nous devons aller travailler dans une ferme. Je crois que j'y suis déjà allé, et je n'ai pas aimé, et je n'ai pas envie d'y retourner la semaine prochaine. J'aime bien jouer dans les bois avec mon frère près de chez moi, mais je n'aime pas la ferme, parce que c'est sale, ça pue, surtout les cochons qui chient partout. Et surtout, je crois avoir compris qu'on doit dormir là-bas toute la semaine. Je ne veux pas y aller, même si mon meilleur pote est dans le même groupe que moi.
Heureusement, la maîtresse tombe malade et le projet d'alternance école-ferme est abandonné.
... Il n'y a jamais eu un tel projet quand j'étais à l'école. Une fois, en classe verte en CE2, nous avons peut-être visité une ferme... Mais ce rêve me laisse un fort goût de souvenir. Peut-être parce qu'il mélange éléments réels - l'école, la maîtresse - et fictifs. Peut-être parce que j'ai ressenti intensément ces émotions d'enfant que je retrouve parfois adulte (peur des situations nouvelles ou imprévisibles, des états d'insécurité, du contact avec les animaux).
Mais il y a autre chose... Je crois me souvenir d'avoir rêvé de la même chose il y a.. Combien de temps ? Peut-être des années.
Les plus anciens rêves dont je me souviens sont des rêves récurrents. Fin de maternelle, début de primaire, je rêvais que l'école se trouvait dans ma maison, au rez-de-chaussée ou à l'étage. C'était bien de pouvoir passer de la classe à la cuisine où je retrouvais ma mère - quoique perturbant.
Cette situation avec la ferme, peut-être l'ai-je rêvée aussi quand j'étais petit (cauchemar ici puisque j'étais envoyé loin des deux endroits - maison et école - où je passais la plupart de mon temps enfant). Cette seconde mémoire, celle de notre seconde vie dans les rêves, nous est seulement partiellement accessible éveillé ; le souvenir d'un ancien rêve qui remonte à la surface dans un rêve en passant pour un vrai souvenir n'en est que plus émouvant.