sensations...
quelque chose nous tient
des murs, des câbles, des lois, des droits, des pouvoirs
mais nous sommes des animaux
ce que l'instinct nous dicte plus que la raison
ce que le corps nous dit mieux que la tête
ce que la nuit nous révèle mieux que le jour
sensations...
les jours qui s'allongent comme ma foulée en courant dans les rues
douleurs musculaires, un peu ici, un peu là, rien de grave
comme oreille gauche qui bourdonne ou gorge qui se serre quand je mange
à quelques mètres de chez moi ma course qui s'arrête net
pour un garçon qui rentre chez lui, qui cherche ses clés devant la porte
mon regard descend vers ses jambes nues jusqu'au short noir
j'imagine qu'il revient d'une séance de sport
j'essaye de me donner une contenance en reprenant mon souffle
pourrait-il se tourner vers moi, et être séduit par mon corps comme moi par son corps ?
... comme ce garçon croisé ce matin, et comme l'autre matin, dans le vestiaire de l'atelier
blond de cheveux et de barbe timide, les lumière basses qui le blanchissent davantage
j'essaye de me donner un air mystérieux, sinon important, pour impressionner ce jeune intérimaire
(alors que je boutonne maladroitement ma blouse, mardi avec mercredi, fichue semaine, et ensuite les doigts qui s'emmêlent dans les petits gants blancs)
il a l'air calme, docile, malléable dans le travail et peut-être ailleurs
ma main froide s'échauffe dans ses cheveux de paille
et puis le duvet humide des baisers accordés
le jour vaudrait-il la nuit pour rêver à de braves incartades ?
ce soir, les chansons d'Albin de la Simone traversent dalle de béton et plancher de la radio de mon voisin à mon oreille maintenant calmée
"qu'est-ce que tu fais les cent prochaines années ?"
j'entends à vingt-et-une heures les quatre bips de la nouvelle heure sur la voix qui annonçait le flash info. france inter
je me connecte sur le site de la radio : c'est bien ça. le concert en direct continue chez mon voisin et dans mes écouteurs tandis que j'écris ces quelques lignes.