L'année dernière, entre janvier et juin, je commentais sur twitter la campagne de l'élection présidentielle, puis celle des législatives. J'avais recyclé un compte twitter que j'alimentais (de mon ennui, exaspération, ironie) lors du premier confinement en 2020. Je m'intéresse à l'actualité et à la politique comme au foot, seulement lors des grands évènements. Après la fin de la période électorale, j'ai rapidement abandonné mon compte twitter...
Mes tweets étaient clairement engagés d'un côté... Etaient-ils utiles ? Ont-ils convaincu une seule personne ? Non, bien sûr. Avec les algos qui recommandent les personnes avec les mêmes centres d'intérêts, et dans les batailles rangées et les guerres de hashtags, on finit toujours par prêcher des convaincus. (Twitter est de toute façon un réseau qui se réduit à des communautés de spécialistes en tout genre (actu, sport, humour, tech), la "masse" n'y est pas, elle préfère facebook, insta, snap et tik-tok. Twitter n'a jamais réussi à devenir populaire, et se dirige lentement vers la faillite).
Lors de la campagne présidentielle, j'étais tenté d'aller militer dans la vraie vie réelle. Coller des affiches dans la rue, distribuer des programmes, participer à des réunions... Mais c'était au dessus de mes capacités de sociabilisation ...
... Pourtant me voici, depuis quelques semaines, plusieurs fois dans la rue dans les manifs contre la réforme des retraites. Ma première manif, je l'ai faite à 16 ans, une petite manif lycéenne aux revendications floues dans les rues de ma petite ville. Ensuite, plus rien. Je n'ai pas participé aux nombreuses manifs contre le C.P.E. en 2006 quand j'étais étudiant... Je n'aimais pas trop les "foules" (comme dirait l'autre c...)... et surtout, je m'étais désintéressé depuis plusieurs années des questions politiques. Aux élections (européennes, régionales), je me positionnais "mollement" d'un côté de l'échiquier politique...
Les manifs auxquelles j'ai participé ces dernières semaines sont des manifs déclarées, bien organisées par les syndicats, donc du type gros troupeau de mouton qui se déplace d'un point A à un point B bien gentiment... Le soir de l'échec de la motion de censure, j'ai suivi pendant des heures avec envie/émotion/fascination, ces manifs "spontanées" dans les petites rues de Paris, ces groupes de jeunes surtout qui marchaient jusqu'à tard dans la nuit sans se fatiguer en ne suivant aucun parcours tracé pour jouer avec les forces de l'ordre en changeant souvent de direction... Aux yeux de tous (tout est filmé, diffusé en live sur les chaînes infos, et, plus librement, sur les réseaux sociaux par des médias indépendants), les violences policières révoltent, c'est le pouvoir qui frappe le peuple pour le faire taire... La plupart des personnes interpellées sont libérées le lendemain. La police se substitue à la justice pour punir d'emprisonnement (quelques heures), et dans la rue, ce sont des punitions corporelles (coups de matraques, coups de pieds, gazages) que la police inflige. C'est un système bien organisé, les ordres viennent d'en haut (quotas d'interpellations)... Que peut le peuple "face à un pouvoir qui a tout prévu pour bataille" (comme le chantait Balavoine).
Dans les premiers temps, le gouvernement et les médias suiveurs voulaient focaliser l'attention de l'opinion sur les "black blocs", qui devaient effrayer le populo avec leur accoutrement (vêtements noirs, cagoules, foulards pour cacher le visage) et des actions condamnables. En dehors des cortèges organisés, il n'y aurait qu'eux, cassant, brûlant, par simple plaisir de casser, brûler... Mais ça n'a pas marché. On voit qu'il y a "de tout" en marge des cortèges : jeunes, vieux, étudiants, salariés, retraités, enseignants, infirmiers... Et si la tension monte souvent entre policiers et manifestants, c'est parce que tout le monde a vu les violences, tout le monde en vient à détester la police à cause de l'utilisation qui en est faite par le pouvoir politique en place. Cette utilisation a depuis longtemps dépassé le simple maintien de l'ordre.
Face à un pouvoir qui ne veut rien entendre, les anti-réforme essayent tous les moyens d'action. La dernière idée est d'exprimer sa colère en tapant sur des casseroles... Cela n'arrange pas le pouvoir qui voulait pouvoir dénoncer des actes violents et se trouve bien embêter face à ces casserolades pacifiques (sauf à voir dans la production de bruits de cuillère une agression).
Aujourd'hui, la cible des manifestants, c'était le ministre de l'éducation... Grosse bousculade à Lyon là où il devait faire une visite, concert de casseroles pour son retour à Paris à la gare de Lyon. On réussit à l'extraire par un souterrain, mais il est copieusement huée par une personne qui a réussi a passé entre les mailles des filets. Le petit ministre ne moufte pas, il est escorté vers sa voiture entre une vingtaine de policiers... Ce n'est pourtant pas le pire de tous... Il y a peu encore, il dénonçait le déni sur les violences policières en France (ce déni qui passe de bouche en bouche maintenant dans son gouvernement)... Mais aussi progressiste soit-il sur plusieurs sujets, la "solidarité gouvernementale" c'est maintenant de la boue qui l'éclabousse...
Si un ministre passe du côté de chez moi, irai-je chahuter ? Pourquoi pas ?
A quoi ça sert ? Peut-être à rien, mais ne rien faire serait désespérant...

En attendant, j'hésite à reprendre une activité "politisée" sur twitter. Sur mon compte principal, je me contente de "liker" certains "posts". Est-ce vraiment nécessaire d'ajouter un commentaire quand la publication se suffit à elle-même ? Est-ce nécessaire de publier mon avis qui est déjà exprimé par tant de personnes ?