Six heures du mat'.
Depuis plusieurs jours, mon sommeil est coupé deux heures avant sa fin habituelle. Je n'arrive pas à me rendormir. Je me tourne et me retourne dans mon lit, je déteste les oiseaux qui chantent, les voitures qui passent, je déteste la Terre entière, moi compris. Alors avant-hier, je sors, je vais sous les arbres, prendre l'air qui me reveille, je ne retrouverai pas le sommeil, mais c'est toujours mieux.

Pour regagner mon lit, je décide de passer par la lucarne de ma chambre sur le toit de ma maison. Elle n'est pas fermée et je suis agile comme un singe et, mince et souple, je passe facilement par l'ouverture. Le seul hic : je suis entré chez les voisins dont la maison est contigüe, et plus exactement dans la chambre d'un jeune gars qui dormait et que mon irruption réveille...
Dans son lit, il se relève en plissant les yeux, la couette glisse sur son torse nu : il dort en caleçon. Je bredouille : "Désolé... Je me suis trompé... J'habite à côté." Je ne le connais pas, c'est la première fois que je le vois. Et inversement. Mais il me croit. J'avais peur qu'il appelle les flics mais il grommelle juste : "M... ça ne se fait pas... En plus, je faisais un rêve super, j'étais sur une plage..."

Il est mignon ce garçon qui me raconte son petit rêve (petit comme charmant, délicat), sans pudeur : la couette continue de glisser sur ses formes masculines, belles formes... Je fais un pas vers lui, la main tendue prête à toucher... Dans son lit, il a un mouvement de recul... Non, avec lui, ce ne sera pas possible, ce n'est pas son truc... Il allait d'ailleurs embrasser dans son rêve une fille quand je suis arrivé...
Je le quitte en remontant sur le toit par la lucarne. Je retourne me coucher. Tant d'émotions, je ne sais pas si je pourrais m'endormir...