L'ennemi reste tapi, dans l'ombre il est un ou cent, qui est-il d'ailleurs ? Cette ignorance nous tend davantage, les doigts crispés sur nos armes.

Une panne de courant plonge la ville dans le noir. Des ombres nous attaquent. Nous déchargeons sur celles qui s'avancent vers nous. Nous tirons bien malgré la nuit. Mais les ombres s'affaissent puis se redressent.

Un de mes hommes est foudroyé net par un éclair qui a jailli d'une main. L'éclair a éclairé un instant des êtres de mêmes formes et tailles que nous : humains, androïdes, extraterrestres ?

Je n'ai pas le temps de réagir - c'est-à-dire fuir - qu'un ennemi est déjà sur moi, une main électrisée levée pour me tenir en respect. Je suis fait. Mais je n'ai pas peur.

Des êtres vivants mais, à la place du sang, de l'électricité qui parcourt leurs corps maintenant entourés d'une enveloppe lumineuse... Fascinant... Face à moi, un visage à l'apparence humaine, resplendissant, plutôt asiatique, les traits fins du visage et le calme légendaire,... Nulle menace dans le regard mais une séduction dont je n'ai pas le temps de mesurer le caractère vénéneux : je forme sur mes lèvres le mot "sublime" et le répète doucement. soulevé de terre par ma propre extase...

Oui, je suis un traître : ne me souciant guère du sort de mes camarades, je soutiens le regard comme une façon de m'avouer plus que vaincu : convaincu par leur supériorité, leur beauté. Sa beauté à lui. Qu'il fasse de moi ce qu'il veut.