affiche du film

Persécution est un film magnifique de Patrick Chéreau sur des hommes à la dérive, joués par Romain Duris, Jean-Luc Anglade et Gilles Cohen.

Chéreau les filme avec maestro au plus près et au plus juste. Avec des scènes dans la rue, les cafés ou des chantiers, il évite les décors convenus des films bourgeois. Le film réserve des dénouements surprenants par rapport aux situations présentées telle la révélation poignante de Daniel (Romain Duris) sur son père en fin de film.

Une partie du scénario concerne le harcèlement du héros, Daniel, par un inconnu (Jean-Luc Anglade) qu'il a juste croisé à la sortie du métro un matin. L'insistance de l'homme inquiète Daniel et l'interpelle aussi.

Daniel aime une fille, Sonia (Charlotte Gainsbourg), mais ne vit pas avec elle. La première scène entre les deux amants est très surprenante : Daniel arrive dans un café où Sonia se trouve mais salue d'abord tout le monde avant de lui dire bonjour. Daniel est un homme au regard dur et au rire moqueur, malmenant ses proches malgré lui ; pour simplifier, il aime mal, il ne sait pas être aimé parce qu'il ne s'aime pas.

< p>Un soir, il trouve une nouvelle fois l'inconnu chez lui. Il décide de lui parler. L'inconnu lui dit :

Moi tu vois, il y a tellement longtemps que je m'intéresse plus à personne. C'est pas du dédain ni la supériorité, ni rien, non, non. Peut-être que je ressens de moins en moins c'est vrai mais je ressens vachement plus fort. Parce qu'un mec verrouillé qui ne voit plus rien, il ne te voit pas toi alors que moi, oui, j'ai vu.
- Mais quand tu dis que tu m'aimes, ça veut dire quoi ? Ce n'est pas pour t'énerver, c'est pour savoir. C'est les tocards qui sont comme ça, qui s'entichent de mecs comme moi.
- Ça me touche ça chez toi. Les trois quart des choses te passent complètement à côté. Tu fais pas exprès je sais bien mais c'est émouvant, ça me donne envie de chialer dès fois, de voir que tu comprends tellement pas ce qui se passe. Moi, le jour où tu m'as regardé mais c'est comme un rideau qui s'est déchiré, je t'ai vu tellement net, mais tellement net, mais là, tu peux pas savoir, oh la joie pure, quand tu m'as regardé.
- Je t'ai jamais regardé...
- Tout d'un coup tout a vachement circulé vite en moi les idées, le sang...
- Bon, parfois on se trompe, on s'imagine des trucs, on se monte un plan sur quelqu'un, on se fait des idées...
- Ah non là, ça ne m'arrive plus du tout ça. D'ailleurs je vais te dire un truc : depuis, je suis plus jamais malade, avant je chopais tout je te jure et ben c'est fini, j'ai découvert mon corps... et toi ton corps... prends moi dans tes bras...
- Non, arrête... Je peux me tenir au même endroit que toi mais pas te prendre dans mes bras, c'est ma limite...
- Mais pourquoi t'es négatif comme ça... Mais ça va aller, je suis là, ça va aller... Maintenant, je me sens plus du tout comme un pauvre débile à la con qu'attend juste de crever et ça, c'est vachement beau.