journée commence
sur un vélo dans le soleil
en m'éloignant de chez moi, je pense à ces quelques notes, gribouillis de rêves que j'ai laissés sur ma table de chevet.
un peu de papier quadrillé, un peu de vie qui continue à pétiller dans ma chambre alors que je me rends au travail.
ce travail qui depuis quelques jours m'obsède, au point de rouvrir mon ordinateur le week-end ou durant la soirée pour plancher sur un projet. du mal à m'endormir aussi en ressassant les problèmes. je sais ce qu'il peut en coûter de ne pas se "déconnecter", j'en ai connu plusieurs explosé en plein vol... mais ce matin, je me sens délesté de toute cette charge mentale, la journée ne pourra être mauvaise : j'ai rêvé de Pierre-Olivier.
si peu, tant de feu.
un message qui poppe sur mon téléphone. comme un message de l'au-delà. je pensais ne plus jamais avoir de nouvelles de lui. je l'ai pourtant cherché partout : dans l'annuaire, sur les boîtes à lettres, sur linkedin, dans les cimetières...
son message (à peu près) : "salut, comment ça va ? ça fait un bail ! je suis maintenant dans le nord, je travaille dans une criée en tant que comptable. il faut que je repasse par chez toi, je dois récupérer de la couture chez ta mère."
il avait fait des études de lettres (achevées ?), il a du galérer après (comme moi) avant de se réorienter.
ma mère fait un peu de couture chez elle pour ses connaissances. elle est payée en petites pièces et boîtes de chocolat. elle ne le fait pas vraiment pour l'argent, mais parce qu'elle ne sait pas dire "non".
mes doigts hésitent sur l'écran de mon téléphone. que lui répondre ?
de l'audace, en restant prudent.
j'écris : "j'ai prévu d'aller à Bruxelles le mois prochain, je pourrais m'arrêter pour te déposer la couture."
c'est parfait. j'invente un voyage prévu et trouve le prétexte du vêtement qu'il a laissé chez ma mère (depuis combien d'années d'ailleurs ?).
"avec la Mer du Nord pour dernier terrain vague
et des vagues de dunes pour arrêter les vagues"
je ne vois déjà sur une plage, très longue plage noyée dans la brume.
mais le rêve prend une autre direction : c'est lui qui débarque chez ma mère...
ma mère m'a prévenu, j'arrive à toute allure alors qu'il aide ma mère à préparer une salade, met du poivre, remue bien.
avec ma mère et lui, nous allons pique-niquer sur le port.
j'aurais aimé l'avoir "pour moi tout seul", mais il faut profiter de l'instant présent...
si peu, tant de feu. que s'est-il passé après ? je ne me souviens pas... je me souviens m'être réveillé et m'être levé tout de suite pour aller chercher dans le bureau à côté papier et crayon. notes qui m'ont peu servies pour écrire ces lignes-ci, le rêve est encore frais, et me fait encore sourire en cette fin de soirée...